J’ai passé un bac STI Génie Mécanique, et j’ai passé et réussi mes concours de prépa en Mai 2008.
Et bien, je suis très satisfait de la formation que j’ai reçue au cours de ces 2 années. Les professeurs ont fait le nécessaire pour qu’on passe tous les concours avec le plus de moyens possibles. Au passage, les profs de méca et d’élec doivent continuer à démystifier les concours centrale-supélec, qui ne sont pas uniquement à la portée des têtes de classe (je parle du premier par exemple). Il faut le tenter à tout prix, ça ne coûte pas grand chose, mais ça demande tout de même un minimum de travail (donc ne pas forcer la main non plus si c’est peine perdue). A mon sens, tout le monde peut le réussir en travaillant correctement.
Avec le recul, je trouve que j’ai travaillé dans une bonne ambiance, j’ai acquis des connaissances, pas toujours utiles pour la suite (mieux vaut trop que pas assez) mais cela m’a permis de me faciliter le travail à l’ISMANS (l’école d’ingénieur que j’ai intégrée après les concours), surtout pour la première année. J’ai compris que le travail d’une classe prépa n’était pas de fournir des connaissances (bien que la base fournie permet de mieux comprendre la suite et de faciliter l’apprentissage théorique), mais surtout d’obtenir un potentiel de travail plus important. Grâce à la prépa, j’ai pu travailler avec un rythme soutenu aux moments où j’en avais besoin, alors que sans, je n’aurais peut- être pas eu le courage de le faire.
En clair, je garde un très bon souvenir de la prépa TSI de Louis Vincent, et je conseille toute personne ayant un minimum de potentiel à tenter le coup.
Au passage, il faut remercier mon prof principal en Terminale (mon professeur de productique, en partie pratique) de ma part pour m’avoir poussé à faire cette prépa.
Après des concours plutôt réussis, j’ai été grand admissible à l’ISMANS ainsi qu’admissible à l’ENSAM. Ce dernier me tentait de moins en moins à cause des problèmes de bizutage (toujours d’actualité parait-il). J’ai néanmoins passé les oraux que j’ai moyennement réussi. Le TIPE a été ma roue de secours, à mon insu (je ne comptais pas la dessus pour y arriver, mais je m’en suis bien sorti). Remerciez donc de ma part les profs de techno pour cela, car ils m’ont bien aidé pour la mise en forme notamment.
Finalement, j’ai donc été admis à l’ENSAM, mais j’ai refusé. L’ISMANS m’attirait plus, car il mettait en avant la mécanique et les matériaux, alors que l’ENSAM n’avait, comme point fort, que la notoriété.
J’ai donc choisi l’ISMANS (Institut Supérieur et mécanique et matériaux avancés du MANS) et ne regrette en rien ce choix. C’est une école à taille humaine (environ 15 professeurs à temps plein pour 270 étudiants les 3 années confondues, sans compter les intervenants extérieurs), regroupant des professeurs doués et pédagogues, ainsi que des industriels invités pour nous fournir des cours plus proches du monde industriel afin de concrétiser nos connaissances.
En fait, ça se déroule de cette manière : en 1ère année, on a beaucoup de cours théoriques (Maths pour l’ingénieur, équivalent à la première année de prépa, en moins poussé, Thermodynamique, physique du solide, RDM, polymère, base de la mécanique quantique …), quelques projets avec un encadrement très poussé pour nous apprendre les rudiments de la réflexion de ce type ainsi que nous apprendre certaines notions et logiciels (comme le projet d’ingénierie numérique nous apprenant à nous servir de MatLab pour faire de la programmation). Aucune spécialisation n’est effectuée à ce moment.
en 2ième année, on se spécialise (CMF pour Conception Matériau fonctionnel, concernant l’étude des matériaux à l’échelle nanoscopique, MCOP concernant l’étude et la modélisation de structures macroscopiques par élément fini, et G2CP pour Gestion de Cycle de Production concernant une formation plus générale, et beaucoup de management). J’ai choisi CMF, car cela m’intéressait plus, et, encore une fois, je ne regrette pas mon choix. Par exemple, il y a les cours de mécanique quantique avancée, des bases de la modélisation moléculaire, des notions sur la physique de la matière (notion de diffusion, de mélange, réaction avec la lumière … etc), caractérisation des matériaux (savoir ce qu’est la RMN, savoir étudier un spectre UV-visible, connaître la spectrométrie infra-rouge, Raman, la STM, AFM … etc) … . Il y a toujours des cours communs (comme des notions sur les milieux continus, sorte d’extension de la RDM, la base sur les éléments finis, du management de projet …), et davantage de projets, réalisés de façon plus autonome (des projets de modélisation moléculaire notamment).
Enfin, la 3ième année, où l’on choisit une dernière spécialisation (j’avais le choix entre modélisation moléculaire avancée et modélisation d’injection, j’ai choisi le premier), et cela influe sur la finition de nos études. Dans mon cas, je suis resté dans la théorie quasi pure (bien qu’il y ait une utilisation pratique de ces outils), ce qui m’a facilité mes admissions dans la recherche, tandis que l’autre est plus pratique et facilite davantage l’insertion dans le monde industriel. Pour cette 3ième année, il y a beaucoup de projets, de manière davantage autonome, et le projet important, qui fait 6 mois, nommé PRIE (pour Projet de Recherche Industriel Encadré) qui compte pour 1/3 de la 3ième année à l’ISMANS (encore de la modélisation moléculaire, avec l’étude de la chimisorption d’une molécule de silane, sur une surface de silicium).
L’anglais est une langue très importante que l’on apprend au cours des 3 années. Au cours de ma formation CMF, j’ai pu constater par moi- même l’absolue nécessité de maîtriser cette langue. Mon niveau a beaucoup progressé depuis la prépa grâce à ces cours et aux nombreux articles scientifiques que j’ai pu lire. Au passage, je remercie le prof d’anglais pour ses conseils et les notions de bases d’anglais que j’ai pu avoir grâce à lui.
Il y a bien sûr aussi les stages, à la fin de chaque année. J’ai effectué mon premier au LMOPS (Laboratoire de Matériau et OPtoéléctronique des Systèmes) à Supèlec, pendant 6 semaines. Le second, à Kazan (en Russie, à 800 km à l’Est de Moscou) à l’université fédéral de Kazan, 2ième meilleure université de Russie pendant 7 semaines, avec un professeur très reconnu : M. Tayurskii, connu d’un des professeurs de l’ISMANS. Et le dernier à l’INERIS, à Creil au nord de Paris, pendant 6 mois. Tous trois étaient portés sur la recherche, entre étude de la biréfringence du niobate de lithium (LiNbO3) avec utilisation de spectroscope Raman, pour le premier, l’étude de l’interaction entre un atome d’hélium et un nanotube de carbone, par modélisation moléculaire, pour le deuxième, et l’étude sur la substitution de substances chimiques en utilisant l’approche structure-propriété inverse (appelé QSPR inverse) pour le dernier. Celui-ci a fait l’objet de la présentation permettant de valider la deuxième moitié de la 3ième année de mon cursus, ainsi que l’obtention du diplôme d’ingénieur, une sorte de Teuf géante avec de lourdes conséquences en cas d’échec.
Globalement, on peut dire que j’ai reçu une formation d’ ingénieur avec vocation de chercheur dans le domaine de la modélisation des matériaux à l’échelle moléculaire. J’ai tout de même eu des notions de management, de mécanique par élément fini, de gestion des risques … lors des cours du tronc commun, et donc des connaissances en ingénierie.
Après cela, j’ai postulé dans diverses entreprises et universités pour chercher une thèse dans le domaine de la modélisation moléculaire. J’ai alors trouvé un post au CEA, pour une thèse sur l’étude de la température de fusion des matériaux soumis à de fortes pressions (de l’ordre de plusieurs 100ène de bars, pouvant aller jusqu’à quelques milliers, d’où l’utilisation de la modélisation moléculaire). Je n’ai cependant pas entièrement validé mon diplôme, puisqu’il me reste à avoir 750 points au TOEIC (la dernière fois, j’ai fait 700), et j’espère que mon attestation de fin d’étude suffira pour le moment. Je vais tenter de passer à la session du 21 Décembre à Nancy, en espérant m’être amélioré suffisamment pour avoir au moins 750 points.
Après ma thèse, on me conseille un post-doctorat, qui consiste à faire d’autres recherches et à réaliser d’autres articles scientifiques que ceux réalisés durant la thèse, afin de compléter mon CV et avoir davantage de chances d’être embauché comme chercheur.
Encore après, si possible, être chercheur au CEA, sinon, ailleurs, peut-être même à l’étranger, notamment au Québec. Il paraîtrait que le domaine de la modélisation moléculaire en est à ces débuts et est en progression, et que le Québec est très demandeur à ce niveau là.
En conclusion, je suis très satisfait de mon parcours. La prépa TSI m’a permis de me rendre plus sûr de moi. Avant le Bac, je ne me doutais pas de ce que j’étais capable de faire. J’ai pu intégrer l’ISMANS grâce à cela. En fait, cette école est intégrable à partir d’un BTS également, mais en ayant fait ce parcours je ne suis pas certain que j’aurais osé entrer dans cette école. Par la suite, l’ISMANS m’a permit de me spécialiser dans la modélisation moléculaire (je crois bien que c’est la seule école à faire cela), et grâce à cela, des organismes comme le CEA, le CNRS ou encore l’IFP sont très attirés par mon CV (j’avais déjà postulé pour un stage au CEA, je n’ai même pas eu besoin de passer d’entretien, ils m’acceptaient déjà, peut-être aussi parce que peu de monde est intéressé par ce domaine, ce qui est une grande opportunité pour moi).
Je vous remercie de m’avoir demandé de témoigner. Je pense que mon expérience peut-être un bon exemple pour certains étudiants qui hésiteraient à entrer en classe prépa (surtout pour les timides, ou encore ceux qui veulent faire de la recherche et qui sont également intéressés par la mécanique).